Saint-Vivien bombardé
L’approche des troupes françaises et leur installation sur une ligne Vendays – Jau-Dignac et Loirac, l’évacuation des populations civiles de la zone interdite, sont les prémices d’une opération militaire d’envergure pour mettre fin à la présence des troupes allemandes sur ce dernier territoire occupé de Gironde.
Une page de l’histoire locale va se tourner pour Saint Vivien de Médoc et les communes voisines. Étant donné sa position, Saint Vivien de Médoc sera l’objet des tirs des artilleries française et allemande : les enjeux sont les axes de communication et leurs ponts, mais aussi le poste d’observation installé dans le clocher de l’église qui sert de poste de réglage aux tirs de l’artillerie allemande.
Le vendredi 5 janvier, à 3 heures et à 5 heures du matin, les habitants de Saint Vivien non évacués sont réveillés par deux vagues de bombardements sur Royan par l’aviation anglaise et canadienne.
Malgré la neige, le 14 janvier, l’artillerie française tire six obus de 75 qui tombent près de l’église de Saint Vivien.
Du 22 au 26 janvier, les bombardements d’artillerie et d’aviation se succèdent sur le bourg de Saint Vivien, toujours dans l’espoir de neutraliser le poste d’observation du clocher. Le 26 à midi, bombardement du centre. Les obus atteignent l’église et détruisent le magasin « l’Aquitaine ».
Dans les marais, le niveau de l’eau gêne la progression des troupes françaises.
Les 28, 29 janvier et 1er février, Saint Vivien est à nouveau le théâtre de tirs entre l’artillerie française et l’artillerie allemande.
Le 30 janvier, bombardement de la place de l’église où le reste de la population était réuni pour l’évacuation. Gabriel Gauthier note qu’après le départ pour Grayan « il ne reste que douze personnes à Saint Vivien. Quatre hommes (dont Gabriel Gautier) pour travailler les jardins, Négrier pour faire des sabots et les femmes pour faire des chemises et pantalons pour les Allemands avec les draps volés dans les maisons ».
Le 8 février alors que le général de corps d’armée de Larminat visite le secteur, quatre obus tombent derrière la gendarmerie de Saint Vivien.
Le 9, les objectifs se diversifient et c’est la gare qui est la cible des obus.
Le chenal, quant à lui, fait l’objet de bombardements quasi journaliers. Les accrochages et les mouvements de troupes (patrouilles) se multiplient, les blessés et les morts aussi.
Si Bordeaux a été libérée le 28 août 1944, Saint Vivien et les communes du canton sont isolées du chef-lieu du département. Le 15 février vers 17 heures, le bombardement du bourg par l’artillerie française occasionne de nouveaux dégâts. Un obus touche le café Lucas, commerce tenu par le président de la délégation spéciale. En représailles, à 22 heures, les Allemands tirent trois obus sur le centre de Saint Vivien.
A compter du 12 mars, l’armée française renforce les troupes issues des maquis et rassemblées dans le Médoc sous l’appellation de Brigade Carnot. L’ensemble du dispositif prend alors le nom de Brigade Valmy avant de devenir officiellement la Brigade Médoc. Mais, dans les mémoires, elle restera la Brigade Carnot.
Les tirs de l’artillerie française et ennemie s’intensifient sur Saint Vivien notamment dans le secteur du chenal, de la Coulisse, de la Canau, de l’abattoir, de l’église et son clocher et du port de Saint Vivien.
Le 1er avril, le pont des Paysans est bombardé à six et sept heures du matin.
Du 1er au 16 avril, Saint Vivien sera bombardé presque quotidiennement, soit par l’artillerie française, soit par l’artillerie allemande, ou par l’aviation française et alliée.