Vous êtes combien en tout alors ?
Sur le centre nous sommes 8 durant la pleine saison, et 7 en juin, 7 en septembre. Sur la plage Sud qui ne fonctionne qu’en juillet et août, ils
sont 7. Sur le Gurp, il y a 9 sauveteurs dont 3 CRS (Compagnie Républicaine de Sécurité ; ils appartiennent à la Police Nationale).
À quoi ressemble un jour normal ?
Aujourd’hui par exemple, nous sommes arrivés 2 heures avant l’ouverture de la plage ; deux tiers de l’effectif du poste est allé se mettre à l’eau
pour surfer, nager. Nous commençons à préparer le poste une demi-heure avant le début de la surveillance ; tout est mis en place pour pouvoir
descendre le matériel sur la plage. Il y a une personne désignée pour entretenir le poste, une pour gérer tout ce qui concerne le véhicule et à
11h00 en haute saison, à partir de midi en basse saison, nous montons la flamme et nous commençons à surveiller. Aujourd’hui le drapeau est jaune
en fonction du vent, du courant et des vagues que l’on peut constater. Il y a aussi cette sorte de flèche noire en dessous du drapeau, c’est le
code des marées, c’est un dispositif local qui indique aux personnes sur la plage si la marée monte ou si la marée descend. C’est un dispositif
manuel, c’est nous qui devons le changer. Toutes les informations quotidiennes sont rassemblées sur le tableau d’information.
Quand y-a-t-il drapeau rouge ?
Il peut y avoir plusieurs cas. C’est essentiellement lié aux conditions de l’océan. Ça s’est produit le 26 ou 27 août, il y avait une houle très
forte, beaucoup de courant, des déplacements d’eau assez imprévisibles pouvant être dangereux. Ça c’est une première raison pour laquelle on peut
mettre le drapeau rouge. Il peut y avoir drapeau rouge également, ce n’est jamais arrivé ici, en cas de pollution. Une autre raison, c’est en cas
d’orage, pour éviter qu’une personne se fasse foudroyer sur la plage ou même dans l’eau car l’eau conduit l’électricité.
Alors il y a toujours deux personnes près de l’eau ? Deux ou trois ?
Ça dépend de la dangerosité de l’océan, nous sommes en général deux en bas. Lorsque l’océan n’est pas trop agité, les personnes peuvent être près
de l’eau, en bordure des vagues. Lorsque la mer est plus agitée, les sauveteurs sont sur le mirador pour avoir un point de vue surélevé et pouvoir
surveiller ce qui se passe derrière les vagues. Après, lorsque les conditions sont un peu plus dégradées, que la mer est forte, c’est ce qui nous
est arrivé il y a 15 jours, lorsque des personnes se sont noyées à Carcan, ce jour-là, nous étions quatre en bas avec le véhicule à proximité pour
pouvoir être plus présents et réagir en masse en cas d’incident.
Nous avons également ce qu’on appelle la vigie, le banc qui se trouve devant le poste ; il y a toujours au moins une personne là, avec une vue
panoramique sur la zone réglementée, entre les deux drapeaux rouges installés sur la plage au Sud là-bas jusqu’à celui qui se trouve au tout début
de la plage aux chiens. Sur cette zone qui mesure 500 mètres, d’après les arrêtés municipaux 250 mètres de part et d’autre du poste, il y a une
surveillance à opérer, c’est notre zone de responsabilité. Dans cette zone, nous avons des surfeurs, parfois des baigneurs lorsque les conditions
sont relativement calmes. Lorsque des baigneurs sont en dehors de la zone de bain, balisée par les pavillons bleus, nous partons les prévenir, quand
c’est nécessaire, qu’ils ne se baignent pas au bon endroit et qu’il vaut mieux revenir dans la zone de bain. La vigie regarde aux jumelles, informe
les sauveteurs qui partent alors avec le véhicule garé généralement à côté du poste. Ils vont faire cette prévention auprès des gens qui se
baigneraient à proximité des surfeurs ou près d’un courant potentiellement dangereux.
Au point de vue sanitaire, vous êtes formés pour intervenir en secourisme, jusqu’à quel niveau ?
Nous ne sommes pas médecins, nous n’avons pas le pouvoir de diagnostic, nous n’avons qu’un rôle d’observateur, c’est nous qui allons donner les
informations au médecin du SAMU (Service d’Aide Médicale Urgente), car quand nous recevons une personne mal en point, nous ne faisons que constater,
grâce à toutes les mesures que nous prenons, c’est-à-dire, la tension, l’oxygénation du sang, la glycémie, le fait que la victime est consciente ou
pas, le fait qu’elle respire ou pas, le fait qu’elle ait un pouls ou pas… Ces informations-là, nous les répertorions sur une fiche bilan et les
transmettons au SAMU qui évalue la gravité du cas et déclenche les moyens nécessaires.
Chaque chef de poste de la Gironde peut déclencher l’hélicoptère de sa propre initiative dans plusieurs cas : lorsqu’il y a un arrêt cardio-respiratoire,
en cas de lésion du rachis, c’est-à-dire de la colonne vertébrale avec perte de sensibilité ou de motricité, lorsqu’il estime que des personnes sont
en danger dans l’eau et que ce sera le moyen le plus adapté pour les récupérer au large. Donc nous nous exerçons pour ça, au moins une fois dans la
saison au niveau du poste du Gurp, il y a un hélitreuillage effectué par le Dragon 33. Nous pouvons aussi déclencher le Dragon, lorsque la victime
présente une noyade de stade 2, c’est-à-dire lorsqu’elle a inhalé de l’eau.
D’où vient cet hélicoptère ?
L’hélicoptère arrive du Huga, une base en arrière de la plage de Lacanau. Il met une vingtaine de minutes pour arriver. C’est pour ça que le bilan doit
être fait assez rapidement pour déterminer très vite si on a besoin de l’hélicoptère ou pas.
Pour les autres cas, de moindre gravité, nous appelons le SAMU, qui lui, va donner ses consignes et qui peut lui aussi, déclencher le Dragon. Cela s’est
produit d’ailleurs cet été, pour un monsieur qui a fait une hyperthermie, vu son âge et son état de santé. D’un appel au SAMU, nous avons abouti à
l’atterrissage du Dragon.
Le SAMU vient de Lesparre. L’avantage de l’hélicoptère, c’est qu’il y a un médecin aussi. C’est un moyen plus rapide, mais aussi, médicalisé. Le SAMU peut
venir, mais généralement, ce sont les pompiers qui viennent, de Montalivet, parfois de Soulac ; de Lesparre c’est plus rare.
Dans Euronat, ils ont des dispositifs avec la sécurité pour qu’ils circulent facilement...
Oui, nous travaillons en lien très étroits avec la sécurité d’Euronat, et avec Yvan Van Hove, qui malheureusement nous a quittés, nous avions pour habitude,
de faire au moins un entraînement dans la saison, en commun avec la sécurité d’Euronat, afin de pouvoir optimiser le système d’intervention. Nous espérons
que ça continuera dans les prochaines années. C’est vrai que lorsque nous avons à gérer une victime sur la plage, nous alertons immédiatement la sécurité
d’Euronat afin d’obtenir leur assistance. S’il s’agit d’une personne étrangère et que nous ne parlons pas sa langue, c’est pratique d’avoir un traducteur,
s’il s’agit de faire atterrir l’hélicoptère, la sécurité est là pour bloquer les accès et éviter que les gens ne s’approchent trop près, si nous avons une
intervention sur la plage qui nécessite d’éloigner les badauds, ils sont là pour ça aussi. Après il y a aussi le fait que la sécurité guide le plus
rapidement possible le véhicule de secours de l’entrée d’Euronat jusqu’au poste en cas d’évacuation programmée.
Vous dites que vous êtes 8 en tout, mais combien êtes-vous en permanence ?
Pas plus de 6 ; il y a au minimum 2 personnes en congé continuellement. Nous travaillons 35 heures hebdomadaires et ne pouvons pas être 6 du début à la
fin de la surveillance. Donc nous embauchons progressivement, il y a toujours un responsable au poste, soit le chef de poste, soit l’adjoint, qui détermine
où placer la baignade, qui décide comment réagir au point de vue opérationnel ou organisationnel et ensuite, les sauveteurs arrivent progressivement et
sont 6 personnes au maximum aux alentours de 14h30 et jusqu’à, en général 18 heures où là, l’effectif décroit à nouveau. Nous avons, en fin de journée 4
à 5 personnes, ça dépend des jours. L’objectif est d’avoir, dans la période de fréquentation majeure de la plage, c’est-à-dire 14h30-18h, si possible 6
personnes en poste.
6 personnes donc 2 ou 3 en bas, 1 à la vigie, 2 dans le poste ou 2 à la vigie et 1 dans le poste. Moi, quand j’ai ma main courante à remplir ou quand j’ai
les plannings de la semaine suivante à faire, je suis dans le poste et à ce moment-là je ne peux pas assurer une surveillance effective ; par contre, il
faut que quelqu’un soit là pour regarder ce qui se passe dans la baignade.
Vous êtes reliés comment ? Etes-vous relié au Gurp ?
Nous avons obligation d’avoir une ligne téléphonique qui fonctionne pour pouvoir ouvrir un poste de secours. Ensuite, nous avons des moyens radio. Ici, nous
avons quatre radios portatives, une dans le véhicule, une qui se trouve au niveau du mirador, une en vigie, une autre en réserve si l’une est déchargée par
exemple ; nous avons aussi une radio fixe qui a une portée bien plus importante qui permet de communiquer avec Dragon, même si avec les radios portatives,
nous pouvons aussi communiquer avec l’hélicoptère. Nous pouvons communiquer avec ces radios portatives ou fixes avec les autres postes et il y a une vraie
collaboration avec la plage Sud. C’est très régulièrement que nous leur demandons un petit coup de main pour diverses choses et c’est réciproque. Avec le
Gurp, c’est un peu plus éloigné mais nous demandons une intervention quand nous avons besoin de l’intervention d’un policier pour venir épauler la sécurité
d’Euronat .
Qu’est-ce qu’il y a dans le poste ?
Cette année, le poste est composé de trois modules différents ; l’un d’eux a été ajouté par rapport à l’année précédente, c’est une demande qui a été faite
depuis longtemps, pour avoir un peu plus d’espace, une infirmerie un peu plus vaste et des conditions de travail plus optimales. Cette infirmerie est libre
toute la journée et le soir, elle nous permet de ranger du matériel. Nous avons un espace de vie qui est composé du bureau et d’un endroit où se trouvent nos
casiers ; notre matériel est entreposé là ; nous avons aussi un espace sanitaire avec deux douches, des toilettes et en face de ça, une cuisine. C’est une
véritable petite maison ; c’est bien confortable car ça permet de se préparer à manger, de pouvoir passer à la douche, le matin en arrivant ou le soir en
débauchant. On est bien, sincèrement, on est bien.
Merci à Michel qui a bien voulu nous accorder du temps pour répondre à nos questions et à qui nous laisserons le mot de la fin :
« Ça fait un moment que je fais ça l’été, j’ai connu pas mal de plages et ici les gens sont exceptionnellement respectueux de tout ce qu’on peut leur donner
comme informations, comme conseils. Ils respectent notre organisation et tout ce que nous mettons en place pour assurer leur sécurité. On n’a pas forcément ce
respect quand on est sur une autre plage. Après, les gens sont relativement prudents, c’est rare les personnes qui vont se baigner très loin et qui se mettent
en danger. J’ai l’impression que les gens ici de par peut-être leur philosophie, le naturisme, cette envie de communier avec la nature, cette envie de
bien-être, sont peut-être en meilleure santé physique certainement que pas mal de gens qui vont ailleurs et qui sont plus consommateurs des lieux… »
Merci aussi à Didier, son
adjoint, à Caroline, Arthur, Christelle, Marie, Florian, Yoël, Romain, Louise, Corentin, Alexandre qui ont veillé sur nos baignades et nous ont permis de
passer un très bel été.