Le paradis est au bout de la ligne
A quoi pense-t-il pendant ces longues heures de pêche ? « Je regarde le bouchon », se contente de répondre Dimitri, 14 ans, installé sur son siège au bord d'un des bras d'eau du parc de Majolan, à Blanquefort, où les pêcheurs taquinent gardons, brèmes, brochets et prennent même parfois dans leurs épuisettes des crabes d'eau ou des écrevisses. Et puis, ajoute l'adolescent, c'est une activité qui lui évite de trop jouer à la console de jeux vidéos ! De Blanquefort à la pointe de Grave, « le Médoc, c'est le paradis du pêcheur », confie le Vichyssois Jacky Rousseau au bord du canal de Montaut, à Carcans-Maubuisson, qui profite de chaque jour de ses vacances pour s'adonner à son « jeu » favori.
Natif du Médoc, cet ancien membre de l'équipe de France de pêche (1986-1990) sait plus que n'importe quel pêcheur que le territoire, et notamment le secteur des lacs médocains, est réputé pour la pêche dite de loisir. Chaque année, des milliers de mordus de l'hameçon se donnent rendez-vous au bord des plans d'eau et des cours d'eau de la presqu île. D'ailleurs, la pêche joue un rôle touristique puisqu'elle attire de nombreux vacanciers chaque année. L’une des plus grandes associations de pêche de Gironde, le Sandre hourtinais, a vendu 1.150 cartes aux vacanciers en 2010, en plus des 650 pêcheurs habituels. « Il nous arrive de nous lever à 4 heures du matin pour faire une journée de Pêche, disent les Hourtinais André Fiengo et Charles Ronsceim. On oublie tout. La pêche permet de trouver la quiétude au milieu d'un cadre naturel ».
Pour attirer le poisson vers l'hameçon, outre le ver, beaucoup utilisent une amorce dont la « formule magique » appartient à chacun. « Mais il faut trouver le bon dosage. Si on nourrit trop le poisson, il ne mordra plus », explique Jacky Rousseau, tout en gardant un oeil sur son bouchon. Selon ce dernier, la pêche est un combat entre le pêcheur et le poisson. « Lors d'une partie de pêche, rien n'est gagné. Le poisson a une chance de remporter le duel. » Le pêcheur doit savoir être bon perdant, ce qui ne semble pas être toujours le cas. « Quand ça ne mord pas, c'est toujours la faute de quelque chose ou à quelqu'un. Par contre, quand la pêche est bonne, c'est grâce à nous », ironise le passionné André Fiengo.
Mathieu CAURRAZE avec Dominique ROUYER
source : Journal du Médoc du 15 avril 2011