Starring Roger & Roger

 

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Aéro-club de Saint-Laurent de Médoc : impressions d’un tout jeune élève-pilote d’ULM…

Manette des gaz à fond, plein pot et roule ! Et le paysage qui défile, et moi qui garde les yeux braqués sur le bout de la piste, fesses serrées à bloc, pieds nerveux sur le palonnier, la voix de Roger, d’un calme olympien, qui me détend…

C’est que, peuchère, j’ai déjà tenu le manche, mais en pointillé : quand tu as l’argent, tu n’as pas le temps, quand tu as le temps, tu n’as pas de quoi payer le prix exorbitant de l’heure de vol-avion. C’est comme ça que je suis resté élève très intermittent pendant trente ans. à chaque fois que j’atteignais le quota d’heures de vol pour être lâché en solo et espérer avoir un jour mon brevet – à condition de bûcher ta théorie, pépère… - il y avait toujours quelque chose de privé ou de professionnel qui venait me couper les ailes.

Maintenant j’ai le temps, pas trop l’argent, le vol en avion est toujours aussi cher et même davantage, mais il y a heureusement le bon plan : l’ULM. Beaucoup moins cher, même franchement abordable. Et le G1 de Saint-Laurent de Médoc n’a strictement rien à envier aux appareils classés avions. J’insiste l là-dessus : c’est un vrai petit avion, la même façon de piloter, sécurité garantie, performances plus qu’honorables pour la tenue de vol, les réglages ultrafins et tout de même quatre-vingts nœuds en croisière.

Et puis, maintenant que, la soixantaine bien sonnée, je suis un tout petit peu amorti, les rêves de grands voyages dans mon avion perso m’ont passé depuis longtemps tout comme le fantasme de piloter un Rafale, ça sera pour la prochaine vie. En ULM, j’ai le temps de voir le paysage, de passer au-dessus de ma propriété, de prendre des photos tandis que Roger tient le manche, de contempler le lac d’Hourtin comme les marins d’eau douce de Piqueyrot ne le verront jamais, les pauvres petits.

Je suis aux anges. Je vole avec eux, je les tutoie, ils me battent peut-être à la course mais le Pape n’est pas mon cousin. L’ULM est vraiment le moyen le plus sympa de se déplacer d’un point du ciel à l’autre. Les perfectionnistes jamais contents qui trouvent que ça fait trop trapanelle déploreront l’absence de systèmes sophistiqués et automatiques. Mais j’ai le plaisir de piloter, faire vraiment corps avec la machine, le tout dans une sensation de liberté. Plaisir.

Et puis il y a Roger. Roger Ricard. Vous le reconnaîtrez tout de suite, pas de risque d’erreur, deux yeux chaleureux au-dessus d’une impressionnante moustache de pilote british de la RAF modèle bataille d’Angleterre. Rassurez-vous, il ne date pas tout à fait de cette époque. Ancien pilote de chasse, d’une maîtrise parfaite à tous points de vue, vous ne pouvez pas rêver meilleur moniteur. Pour tout vous dire, je ne suis vraiment pas pressé d’être lâché en solo, c’est trop agréable d’être avec lui.

Ça vous tente, jeunes gens de sept à cent sept ans ? Allez au moins y faire un tour, et, pourquoi pas ?, un baptême, et plus si affinités, vous ne le regretterez jamais. Ne me sortez pas le prétexte de l’âge. Ce printemps, le jeune Dylan Lacouve a passé son brevet de pilote d’ULM au moment de ses 15 ans. Commençant à 12 ans, il est l’un des plus jeunes élèves pilote. Quant au doyen, je crois qu’il dépasse largement les soixante-dix ans.

Mon papa a eu quatre-vingt-dix ans le 6 février. Aux vacances de Pâques, il a pris possession de son cadeau d’anniversaire : de Saint-Laurent à l’estuaire, de Saint Yzans à la Pointe de Grave, la côte et les lacs jusqu’au Bassin et retour. Et Maître Roger qui n’a pas manqué de faire tenir le manche au vieux Roger.

Qui sait ? Peut-être la naissance d’une vocation et un nouveau jeune élève pilote au club de l’aérodrome Centre-Médoc de Saint-Laurent …

Michel Larroche