Gens

Teuf, teuf, teuf !

 

Certains collectionnent les timbres, d'autres les vieux disques, Henri Durousseau, maraîcher à Eysines, s'est amouraché des matériels que l'on voyait dans les champs ou les vignes au siècle dernier. Tous les collectionneurs ont un point commun, la passion... Et ne lui demandait pas à quoi ça sert ou si ce n'est pas ringard, il donnerait de sa voix puissante pour vous convaincre qu'il fait oeuvre utile. « Je veux les préserver mais ne pas en tirer profit », dit-il.

Enfant de la terre depuis plusieurs générations, ses parents se sont établis à Eysines en 48. Pour Henri, on dira que c'est une vocation « naturelle ». Pour son fils, David, un sillon tout tracé... à 85 ans, sa maman droite comme un 1, s'active dans la propriété. C'est vrai que sur six hectares, dont deux de serres et quatre de plein air, il y a de quoi faire, ne serait-ce que s'occuper des clients et des quatre paons...

teuf, teuf, teuf Henri Durousseau possède une soixantaine de tracteurs, de toutes marques, Fordson de Detroit, modèle 1923, Formall, Massey Harris, de moissonneuse-batteuse, motoculteurs, arracheuses de pommes de terre. Ces dernières trônent fièrement dans son magasin, témoins du passé... Tout comme la photo noir et blanc des deux mules qui tiraient l'arracheuse. « C'était plus commode, explique-t-il. Une mule tient moins de place qu'un cheval pour se déplacer dans les rangs de légumes ».

Sa passion a débuté quand il a récupéré le « Labourier » de ses beaux-parents au garage Lasserre de Lacanau-océan. « Je ne croyais pas en trouver, dit-il, tout à son bonheur. C'était le top ». Plusieurs décennies plus tard, il étudie toute proposition de vieux matériels et recherche toujours du « Labourier » même en mauvais état. Les tractations se font toujours à l'amiable, parfois gratuitement, mais notre homme, qui n'est pas un ingrat, sait aussi mettre la main à la poche « pour sauver de la ferraille ».

Mais sa plus belle pièce de collection date du début des années 50. C'est le premier enjambeur mis en service dans le Médoc. à la Tour de By précisément. Devinez la marque, « un Labourier » qui pétarade encore pour peu qu'on ait le temps et la patience de le faire parler...

Cet « amoureux de la ferraille » comme il se classe, s'appuie sur une riche documentation spécialisée. « Tractorama », « Tracteurs et monde agricole » à laquelle il est abonné depuis toujours. Avec ses parutions, cent dix maquettes de modèles réduits en bonne place sur son bureau. Reste à trouver l'engin grandeur nature.

Membre de la Confrérie de la pomme de terre d'Eysines, Henri Durousseau se souvient de l'époque où il chargeait ses légumes sur le tramway, qui passait avenue du Médoc, pour aller les vendre au marché de Brienne. Les temps ont changé. Les échanges avec les professionnels sur l'avenir du maraîchage, dans le cadre du raid des maraîchers ont eu lieu chez lui...

La vente aux particuliers se fait le vendredi, de 9 heures à 19 heures, 5, rue du Prado (route du Médoc, à 300 m de Cantinole). Le samedi, vous pouvez le rencontrer aux Capus...

Daniel van Berleere

source : Journal du Médoc du 27 août 2010